Transition écologique : nécessité de replanter les consciences
Le débat «Transition écologique : nécessité de replanter les consciences » vise à explorer la réflexion suivante : La transition est multiple. On parle de transition écologique, économique, sociale mais aussi énergétique. On peut constater une certaine prise de conscience sur le plan énergétique. Cette nouvelle tendance est-elle une opportunité de remettre la spiritualité au cœur de nos sociétés actuelles ? Inspiré par l’ouvrage de Sabine Rabourdin, cette discussion analyse la rupture de l’Homme moderne avec la nature ainsi que l’importance et les moyens pour lui de se reconnecter à ce qui est notre vraie nature.
Ouverture par Pierre-Yves Albrecht, Philosophe et directeur de l’Académie Aurore
Modération par Barbara Steudler, directrice NiceFuture
Avec
Julie Breukel, co-fondatrice du Centre Lungta
Corine Sombrun, auteure et chamane
Michel Egger, membre de la direction d’Alliance Sud
Mohammed Taleb, philosophe et expert en éco-psychologie
Synthèse
Il faut enraciner l’idée de l’écologie tout autant que celle de la spiritualité, qui entretiennent un rapport important. Dans le texte de la Genèse, les premiers chapitres peuvent se résumer par le premier verset. La maison introduit la Genèse, l’écologie est un discours sur la maison. Nos efforts écologiques et spirituels doivent dévoiler notre nature essentielle. S’il y a un hiatus entre la maison et le maître de la maison, on court à la catastrophe. Il faut une mutation de notre niveau de conscience, que notre perception aille au-delà du concret pour voir le subtil.
La transition écologique ne peut se faire sans une transition intérieure, un élargissement de conscience. Nous devons changer de paradigme pour entretenir un nouveau rapport au monde.
Le chamanisme mongol enseigne qu’il faut vivre en harmonie avec son environnement. Si on crée une dissonance, les esprits s’énervent et nous préviennent par ce qu’on reçoit comme une intuition. Si on ne suit pas nos intuitions, les esprits vont nous envoyer des problèmes toujours plus importants. La transe permet de contacter ces esprits.
Incarner la transition, c’est aller au-delà d’une certaine conception de la nature, d’un mode de connaissance et d’une conception de l’être humain centré sur la consommation. Le consumérisme est né du désir de l’humain pour l’absolu, la beauté, le pouvoir. On peut désirer, mais mieux, en se reconnectant à la source qui est en nous.
La nature n’est pas seulement un stock de ressources qu’il faut gérer, c’est avant une porteuse de symboles et d’imaginaire. L’écologie doit aller au-delà de la simple question de la gestion des ressources.
La connaissance objectiviste nous éloigne de la nature. La spiritualité est une forme de connaissance qui encourage l’imagination active. Cette dernière n’étant pas travaillée, nous l’avons remplacée par la fiction.
Le mouvement de la transition n’a pas tiré les enseignements de l’Histoire. Il faut revenir au début du capitalisme pour comprendre comment lutter contre la récupération marchande de la transition. L’acte de naissance du capitalisme a été le massacre collectif entre le XVIe et le XVIIe siècle des sorcières, des érudites de la nature, pour imposer la médecine rationnelle.