Produit Intérieur Brut ou Bonheur Intérieur Brut ?
Le débat « Produit intérieur Brut ou Bonheur intérieur Brut » vise à remettre en question nos fondements de la richesse. Le succès d’un pays doit-il se quantifier au prorata de la balance commerciale, de la production et du pouvoir d’achat ? Ou au contraire serait-il plus pertinent de mesurer son équilibre, l’espoir de ses habitants pour l’avenir et le pouvoir de vision et d’inspiration de l’État pour son peuple ? Notre représentation du bonheur semble inférée par la société de consommation, ses artifices et interprétations, bien qu’ils aient peu en commun avec les éléments réellement inhérents au bien-être. Serait-il temps de chercher l’harmonie ?
Ouverture : Mohammed Taleb, philosophe et expert en éco-psychologie
Modération : Aymeric Jung, co-fondateur de SlowMoney Francophone et membre du comité stratégique de NiceFuture
Avec
Philippe Le Bé, journaliste
Marc Audétat, sociologue et responsable de recherche à l’Unil
Nicoleta Acatrinei, chercheuse à l’IDHEAP
Joanna Quélen, présidente de Happylab
Jean-Dominique Michel, anthropologue
Virgile Rochat, Pasteur
Tho Ha Vinh, Directeur de Programme du Centre du Bonheur Interieur Brut au Bouthan
Synthèse
Pourquoi appliquerions-nous une logique de mesure quantitative pour mesurer le qualitatif, tel que le bonheur ? Est-ce que ce n’est pas un vice moral et éthique que de vouloir compléter le PIB avec d’autres indicateurs pour mesurer le bonheur, l’amour, le bien-être ? La crise écologique vient que notre société est dans un rapport de prédation. On est en train de réduire le mon en nombres, mais tout n’est pas quantifiable. Le bonheur peut avoir plusieurs définitions. Pour Mohammed Taleb, c’est être au rendez-vous, à la bonne heure, et dépend de notre notion de temporalité. Pour le Bhoutan, c’est un besoin de trouver du sens, de se reconnaître dans son travail. Notre société aime beaucoup ce qu’elle fait disparaître.
La logique quantitative est apparue après la Seconde Guerre mondiale. Mais le Bhoutan n’est pas seul à avoir créé son propre indicateur pour mesurer le bonheur.
Le PIB n’est qu’un indicateur de richesse, mais la pauvreté selon lui ne consiste pas en ne rien avoir, mais plutôt ne rien s’approprier. Il ne mesure donc pas les richesses essentielles mais d’autres qui n’en sont pas vraiment. Avec cet indicateur, un pays qui emploie des gens pour détruire des routes et les reconstruire se classe au même niveau qu’un autre pays qui emploierait les mêmes ressources pour la santé et la culture. Les indicateurs de bonheurs sont insuffisants, mais toujours mieux que le PIB seul.